Femmes de marin
« LA FIDÈLE
L’amoureux de Jeanie était devenu matelot, et elle était seule, toute seule. Elle écrivit une lettre et la scella de son petit doigt, et la jeta dans la rivière, parmi les longues herbes rouges. Ainsi elle irait jusqu’à l’Océan. Jeanie ne savait pas vraiment écrire ; mais son amoureux devait comprendre, puisque la lettre était d’amour. Et elle attendit longtemps la réponse, venue de la mer ; et la réponse ne vint pas. Il n’y avait pas de rivière pour couler de lui jusqu’à Jeanie.
Et un jour Jeanie partit à la recherche de son amoureux. Elle regardait les fleurs d’eau et leurs tiges penchées ; et toutes les fleurs s’inclinaient vers lui. Et Jeanie disait en marchant : « Sur la mer il y a un bateau — dans le bateau il y a une chambre — dans la chambre il y a une cage — dans la cage il y a un oiseau — dans l’oiseau il y a un cœur — dans le cœur il y a une lettre — dans la lettre il y a écrit : J’aime Jeanie. — J’aime Jeanie est dans la lettre, la lettre est dans le cœur, le cœur est dans l’oiseau, l’oiseau est dans la cage, la cage est dans la chambre, la chambre est dans le bateau, le bateau est très loin sur la grande mer. » »
…
Marcel Schwob
LE NAUFRAGÉ
Avec la brise en poupe et par un ciel serein,
Voyant le Phare fuir à travers la mâture,
Il est parti d’Égypte au lever de l’Arcture,
Fier de sa nef rapide aux flancs doublés d’airain.
Il ne reverra plus le môle Alexandrin.
Dans le sable où pas même un chevreau ne pâture
La tempête a creusé sa triste sépulture ;
Le vent du large y tord quelque arbuste marin.
Au pli le plus profond de la mouvante dune,
En la nuit sans aurore et sans astre et sans lune,
Que le navigateur trouve enfin le repos !
Ô Terre, ô Mer, pitié pour son Ombre anxieuse !
Et sur la rive hellène où sont venus ses os,
Soyez-lui, toi, légère, et toi, silencieuse.
Hérédia
…
« Si le son de la cloche est triste, il l’est bien plus
L’hiver, quand vient la nuit et quand c’est l’angelus
Qui sonne lourdement au clocher du village,
Rythmé par les sanglots de la mer sur la plage.
Dans les cœurs son écho lugubre retentit :
Celle qui reste songe à celui qui partit
Sur sa barque parmi la brume et la tempête,
Et se demande, auprès du rouet qui s’arrête,
Si là-bas, dans les flots, son homme, le marin,
A comme elle entendu les coups du grave airain,
Et si, malgré la lame affreuse qui grommelle,
Il s’est bien souvenu de se signer comme elle. »
…
François Coppée
Le Grau-du-Roi
On a souvent cette posture quand on essaie de voir sa vie, au loin 😉
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la donna del marinaio…anche lungo le spiagge italiane ci sono di queste statue altamente significative,,,
magnifica la cornice con le rose…:-)
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Un grand merci Lou pour tes magnifiques photos et les poèmes.
Cette sculpture est superbe 🙂
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La mère et la fille qui attendent… Je n’ai pu partager où je voulais, avant la Revue ; mais j’ai rebondis… Bonne soirée, Lou, et, merci pour ce beau billet !
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Coup de coeur pour cette sculpture « L’Espérance ». Très beaux choix de poèmes, Lou. Merci !
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J’ai remercié ma cousine de m’avoir conduit en ce lieu. Cette statue est vraiment magique et poignante ! J’en ai fait le tour et l’ai photographiée sous tous les angles. Bises à vous tous.
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Comment marche la nef qui n’a point de mâture ?
En se laissant porter par les courants sereins,
Elle glisse au hasard sous les astres d’airain ;
Son équipage est fait de trois trolls immatures
Ne sachant point parler (sauf en alexandrins).
Ils sont partis, lassés des herbeuses pâtures ;
Tant pis si l’Océan devient leur sépulture,
Autant vaut cette eau-là que les bords méandrins.
Ils voient, de loin, danser la licorne des dunes
Sous la blanche lumière émanant de la lune ;
Au rivage ne va leur improbable nef.
Si leur navigation, quelque peu hasardeuse,
Ramène à son départ leur coque baladeuse,
Vers le plus lointain cap ils iront, derechef.
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Merci Cochonfucius, pour ce partage.
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Très émouvant ce voyage chez toi ce matin …:-)
Bisous Lou
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