Journée ordinaire d’une aidante : midi
Les jours où je travaille.
Sortir de mon bureau à midi passé. Démarrer la voiture et parcourir les 10 kms qui me séparent de la maison familiale. Ne pas se laisser aller à la vitesse (relative) car plusieurs virages et bon nombre de « fangio » au volant sur la voie d’en face.
Arrivée vers 12 h 20, relever le courrier puis ouvrir la porte. Ressentir au premier regard si elle ne va pas trop mal. Poser mon sac, mes clefs.
Rapprocher le déambulateur, installer, désormais à proximité du fauteuil, la chaise « garde-robe ». Placer ses mains sur l’accoudoir de son fauteuil, l’encourager à prendre appui et la soulever en glissant mon bras gauche sous son aisselle droite.
Tirer fort, résister à son poids et à sa crainte de tomber, ainsi qu’à la raideur de ses membres. Conforter ses mains sur les poignées du déambulateur puis l’assister jusqu’à ce qu’elle s’asseoit sur la chaise « garde-robe » après avoir, non sans mal, fait descendre la culotte spéciale fuites urinaires. Changer si nécessaire.
Attendre quelques minutes. Pendant ce temps, se laver les mains et mettre très rapidement la table.
Revenir près d’elle et de nouveau l’aider comme ci-dessus à se redresser. Suivant les jours, le déambulateur sera suffisant pour qu’elle puisse rejoindre la cuisine et sa chaise. D’autre fois, il faudra utiliser le fauteuil roulant. Bien sûr, on pourrait éviter ces manoeuvres de transfert, mais il faut, malgré tout, maintenir un petit peu de marche. Même si cela lui demande un effort très important. Une fois bien installée, lui mettre sa serviette de table pour protéger ses vêtements en la maintenant avec des pinces à linge (très efficaces et rapide à mettre et à enlever). Finir de mettre la table.
Sortir du réfrigérateur les plats préparés la veille (si j’ai pu le faire). Sinon improviser : des pâtes, de la purée, un steack haché cuit puis mixé (car la déglutition devient très difficile). Des tomates fraîches pelées (car la peau ne favorise pas la déglutition) et découpées en petits morceaux et assaisonnées. S’aider en ajoutant de la béchamel toute prête, achetée dans le rayon des produits frais laitiers.
Ne pas oublier le pilulier et veiller à la bonne prise des comprimés et poudres diverses. Remplir le verre d’eau et ajouter régulièrement du liquide, car cela aide, une fois encore, à la déglutition.
L’encourager à commencer à manger avant moi, car son repas va lui prendre plus d’une demi-heure, voire trois-quart d’heure. Pendant ce temps, je me sers et essaie de me ralentir… Laver au fur-et-à-mesure la vaisselle. Regarder l’heure. Suivant le cas, sortir le linge de la machine à laver, puis l’étendre. Ou monter à l’étage vérifier que les fenêtres et portes ont bien été fermées, en ce temps de canicule.
Redescendre, après être passée par la salle-de-bain pour me laver les dents (mais bien souvent, je n’en ai pas le temps) et passer par les wc (ouf)…
Donner le dessert, finir de desservir la table, ranger ce qu’il y a à ranger. Relever ma mère de sa chaise et assurer la bonne prise en main des cannes anglaises ou du déambulateur. Parfois cela se complique car il y a « déconnexion des neurones… »
Faire un nouveau passage à la chaise « garde-robe ». Puis vérifier l’installation au fauteuil. S’assurer du niveau de l’eau dans la bouteille d’un demi-litre. Si besoin compléter.
Laisser à disposition, un petit gâteau ou une brique de jus de fruit, ou une banane. Ne pas oublier d’allumer la télévision et laisser à porter de main la télécommande, sur la petite table.
Puis un dernier bisou, prendre mon sac, mes clefs, et mon téléphone portable. Acquiescer aux dernières consignes maternelles. Puis refermer la porte, m’exclamant contre le temps qui file. Et je reprends le parcours de mes 10 kilomètres pour reprendre le travail à 14 heures. Et vous le devinez-bien, je serai en retard !
Et vous voudriez que je sois détendue ?!!!
(lire si besoin mon précédent billet…)
Les jours où je ne travaille pas, la contrainte de l’espace temps n’est plus la même.
Foutue maladie que celle du Parkinson !
Impressionnant courage.
Voudrais bien savoir ce que ta maman te dit avant ton départ
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Courage, je ne pense pas car souvent « les bras m’en tombent » (si l’on peut dire ainsi).
Une absence de lâcher prise, comme une de mes meilleures amies m’a dit cette semaine. Et malheureusement, elle a bien raison. Je m’exaspère de plus en plus, surtout lorsque la connexion des neurones ne se fait plus pour de petites choses communes et répétitives.
Cependant, MamLou a toute sa tête, et donc les consignes sont : « ferme bien la porte », « fais comme tu peux », « reviens vite ».
Désormais, l’infirmière vient vers 17 h, 17h30 pour s’occuper d’elle et la mettre au lit.
Cette semaine, en me regardant, elle m’a dit « ne deviens pas comme moi ».
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Oh MamLou est quelqu’un d’adorable, comme toi
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Oh pas toujours, surtout lorsque l’oeil noir d’une espagnole d’origine me transperce. Pas toujours docile, ni moi d’ailleurs. 😉
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Beau mélange 💥
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Oh! Lou! j’avais lu ton billet de juin… et c’est bien que tu en parles.
Celui-ci me touche aussi beaucoup tant pour ta maman que pour toi et ta soeur. Tes journées ne sont pas faciles et c’est peu de le dire.
J’ai une amie qui s’occupe aussi de sa maman comme toi avec les mêmes problèmes.
Tu sais, nous deux, sommes de tout coeur avec toi.
De gros bisous pour une douce soirée avec toute notre amitié ♥
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Lers jours se suivent et ne se ressemblent pas. Hier, chaleur excessive et esprit un peu confus. Puis l’orage a soulagé l’atmosphère et nos corps et donc ce fut une journée éveillée, cohérente, pour elle. Et un soulagement pour nous. Mais méfiance et surveillance.
Je sais Denise. Je sais Michel. De grosses bises à vous deux.
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Que dire… Que vingt cinq années professionnelles passées auprès des personnes de grand âge m’ont familiarisée avec tous ces handicaps et souffrances. Je mesure d’autant plus, ton courage et abnégation pour faire face, tout en travaillant à l’extérieur. Même si parfois « tu t’exaspères » sois certaine que Mamlou sent tout l’amour que tu lui portes…
Comme Denise, je suis de tout coeur par la pensée près de toi.
Mes chaleureuses bises, Lou ❤︎
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Oui je sais que tu sais… Et cela fait du bien d’en parler, à toi, parfois, et à mes ami(e)s d’ici.
Heureusement que tous les jours ne se ressemblent pas. Bon ce soir, un petit incident qui a nécessité l’appel de l’infirmière et un retour précipité pour prendre le relais de celle-ci et nettoyer ce qui était à nettoyer. Mais, bon, de l’eau, une serpillère, des fenêtres ouvertes, du linge à laver et on n’en parlera plus.
Oh les bisous de maman et ses excuses ne manquent pas. Même si parfois elle n’a pas tout à fait notion de l’ampleur de cette prise en charge.
Merci encore Chantal. ❤
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Fatigue et tension vont s’accumulant j’imagine. J’espère que vos nuits sont réparatrices…
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Grâce à des séances de relaxation/sophrologie, j’ai retrouvé un sommeil plus régulier. Ce qui n’est pas négligeable après des mois de sommeil perturbé. Mais la fatigue est bien là au quotidien et j’ai du mal à canaliser mon « impatience », même si je mesure le « bonheur », égoïste , malgré tout, d’avoir notre mère près de nous.
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oui foutue maladie…
mais quel bonheur que tu sois là!
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Oui, encore ce soir des bisous de remerciements et ses excuses dans ses exigences et appels réitérés.
Mais ce soir, une déception et même une colère face à une aidante professionnelle qui ne comprend pas notre détermination à garder (pour l’instant) notre maman près de nous.
Alors là le loup qui dort en Lou a montré ses dents… grrrrrrr !
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Je mesure tout cet engagement nécessaire. Fais attention à toi; les aidants souffrent et s’usent… Je t’admire.
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Merci, merci d’être repassée par chez moi. Je t’avoue que je ne fréquente plus beaucoup de blogs…
La souffrance existe, tu as bien raison. Mais il y a, également, de belles récompenses.
Ce que j’espère c’est que nous résisterons à cette usure programmée. La semaine prochaine, si tout va bien, nous fêterons les 92 ans de MamLou. 😉
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C’est un véritable sacerdoce, courage parce que les aidants sont si peu soutenus, mais n’en déplaise à la « professionnelle », même si c’est très difficile, ton choix est le meilleur.
Dans les institutions c’est très souvent du grand n’importe quoi et la prise des médicaments peut être aléatoire…
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Heureusement que nous sommes deux. Et pour la gestion des médicaments dans une maison de retraite, nous en avons eu un exemple avec un membre de notre famille…
Et puis, ma soeurette est infirmière libérale et elle sait, très bien, comment cela se passe.
Pour l’instant, MamLou, dort, non loin de moi, à poings fermés, dans son fauteuil. 😉
PS: je suis en congé, cette semaine.
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Alors… Relax ! Une semaine ça permet juste de rattraper un peu de sommeil manquant, à ne pas négliger toutefois 😉
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