c’est le maintien du couple. C’est l’ange gardien du ménage. Parce que vous avez des couples lui il va à la pêche elle va à la chasse et ils se perdent de vue. Que d’avoir un lien commun on est obligés de se voir. Étant obligés de se voir on est obligés de s’aimer. Étant obligés de s’aimer ça continue ! Je ne dis pas que si je ne valsais plus on ne s’aimerait plus c’est trop tôt pour le dire. Je dis simplement que si je ne valse pas avec ma femme ce n’est pas le bonheur !
Parce que vous avez des femmes qui me disent vous êtes champion j’aimerais bien valser avec un champion. Oui mais moi ce n’est pas le bonheur. Bien sûr je ne refuse pas. Je leur dis si vous voulez bien patienter je suis fatigué je viens de valser avec ma femme. Et si plus tard elles remettent ça je leur donne quand même un peu de plaisir. Mais j’ai vu ma femme comme ça être invitée et trimbalée. Secouée comme un vulgaire panier à salade. Et je parle des vieux paniers à salade bien sûr.
Dans tous les azimuts. J’en étais gêné. J’ai même vu une période où il y en a qui fumaient sur la piste.
Vous passiez en slow-fox à côté d’un fumeur et toute la robe prenait feu. Vous savez combien ça coûte une robe ?… Non !… Vous ne savez pas !… Heureusement vous seriez surpris ! J’ai dû taper sur ma femme pour étouffer ses flammes et mon assureur n’a rien voulu savoir. À la fin le champion du panier à salade il me dit vous avez de la chance vous avez une belle femme. Merci monsieur tout le plaisir est pour moi ! Et c’est vrai qu’avec ses belles toilettes ça fait une belle femme…
Une fois j’ai vu un accordéoniste descendre sur la piste pour la faire monter sur le podium. Il voyait ma femme tournoyer il était en extase. Il voulait même qu’elle mange dans son assiette. Lui était troublé de regarder ma femme. Moi j’étais troublé de le regarder regardant ma femme. Et ainsi de suite.
Ça n’a pas de fin quand tout le monde est troublé…
Vous êtes un pro vous êtes un pro ! Je l’aurais tué. Moi je suis un amateur. Je serai toujours un amateur. Alors bien sûr on a des différences. Elle est têtue je suis sagittaire. Elle est taureau. Il me faut un certain temps… avant de réagir. Quelqu’un qui m’agresse. Je réponds… rien. Et après longtemps après. Je lui dis vous m’agressez pourquoi ! ?… Mais il est trop tard parce que lui il ne s’en souvient plus. Et ça dans tous les domaines. Moi je suis classique !
Pareil pour la chaussure. Classique. Mais qui ne vous fatigue pas. Une qui a déjà marché. Souple. Une chaussure à votre pied. Quand vous l’avez vous ne la sentez pas. Quand vous la quittez elle ne sent pas. Qui ne sue pas et qui ne vous fait pas suer. Qui anticipe le pas et qui vous incite à tourner. Une chaussure qui aime le plancher. Ni trop petite pour la circulation ni trop grande sinon elle vous quitte. Une qui glisse mais ne dérape pas. Qui n’étouffe pas votre pied. Un pied qui respire. Qui adhère à la chaussure et la chaussure au parquet. Mieux vaut en emporter deux paires. Vous essayez discrètement. Une semelle cuir et une patin caoutchouc. Mieux vaut prévoir. Vous ne venez pas la veille pour reconnaître le parcours. Plancher sapin. Parquet chêne. Ciré. Non ciré. Vitrifié ou non. Parfois carrelage. La moquette vous laissez tomber. Que ce soit de la vachette du bœuf du cheval du porc du buffle du veau de l’agneau de la chèvre du daim ou du nubuck c’est bien étudié ces patins-là. C’est pas agrippant comme une gomme ou du crêpe. Pour la valse j’entends. Parce que avec des chaussures ordinaires au bout d’une heure vous pouvez mettre vos pieds dans vos poches. Et quand on a mal aux pieds on a mal partout. Sinon bien sûr on peut supporter un caoutchouc. Pour le bonbout des hommes de l’elca. Pour le bonbout des femmes du topalan et ensuite du vulcotop. C’est plus dur que le topalan. Mais pour ma femme il faut un peu de talon et surtout une bride. Et pour moi le mieux c’est une chaussure montée Goodyear. C’est-à-dire avec une couture sur la trépointe et une couture qu’on ne voit pas mais qu’on voit à l’intérieur. Il y a deux coutures. Ça fait un ensemble. Je récapitule la couture de la semelle intérieure qui prend la tige et la trépointe et la couture que l’on voit sous la semelle qui est cousue avec la trépointe. Celle que l’on voit à l’intérieur c’est celle qui est cousue mais qu’on ne voit qu’à l’intérieur. De part en part quoi. Classique ! Et pas que dans la valse. Dans tous les domaines. Je rentre. Je pose ma sacoche. Je me lave les mains et elle elle est prête. Pareil quand elle était enceinte. Je rentre. Je pose ma sacoche. Elle est enceinte. Je me lave les mains. Je lui dis ce n’est pas grave. Je me mets à table. Elle est prête.
Je mange. Je me couche. On dort. On se lève. Je me mets à table. Elle est prête. Je mange. Je prends ma sacoche et je pars aux trois-huit. Pendant dix-sept ans et six jours. Au septième jour je rentre. Je pose ma sacoche. J’étais allé travailler quand même. J’avais oublié que j’étais viré depuis la veille. Je me lave les mains. Je me mets à table et là… Elle pète les plombs ! Elle me dit je veux aller danser ! Si ça te plaît tu viens je ne t’oblige pas mais moi j’y vais ! Dix-sept ans et sept jours que j’attends ça ! dix-sept ans et six jours que je fais des pull-overs à la maison ! Une maille à l’envers une maille à l’endroit ! Aujourd’hui j’ai envie d’aller tricoter dehors !…
Il y a eu un clac dans sa tête et c’était ce jour-là… Eh bien je l’ai suivie et avec le recul je crois que j’ai bien fait.
Elle arrive au syndicat d’initiative. Elle voit une dame. Elle lui dit bonjour madame. Elle est en pleine forme. Elle lui dit aujourd’hui c’est mon anniversaire. La dame s’en fiche. Elle lui dit j’ai envie d’aller danser où est-ce que je peux aller danser ? La dame la regarde avec des yeux ! La dame lui dit c’est formidable et elles sont devenues amies pour toujours. La dame est décédée la semaine dernière. Et nous on est allés au casino. Là déjà on nous regardait. On nous regardait !
Le lendemain pareil cinq à sept à quinze heures. À quatorze elle est prête. Mise en plis. Robe de chambre. Plus qu’à enfiler la robe. J’arrive. On mange dans la voiture. Je conduis sinon ça m’énerve. Elle me donne les bouchées. Quinze heures pile. Portes fermées !
Ouiiiii ! c’est malheureuuuux ! On a fait cent soixante kilomètres pour pas danser rrrr ! C’est une catastroooooophe ! Écoute calme-toi je lui dis on va aller au café. Tu vas prendre un café. Elle buvait beaucoup de café à l’époque. On va faire un tour au bord de mer et la soirée va se passer quand même. Elle commande son café. Elle boit son café. Je paie son café. Je retourne au casino. Elle sort du café et qu’est-ce qu’elle voit qui galope sur le parking ? MOI. Viens vite viens vite c’est une viennoise ! Je lui ai pris la main. On a survolé le parking. On a rattrapé le temps perdu. On est entrés là-dedans comme si c’était chez nous et on a chouravé la dernière mesure ! On a ballé tout l’après-midi sans interrompre vous vous rendez compte ! On s’est installés à une place et c’est resté la nôtre. Pour toujours. Cinq fois champions de Basse-Normandie la sixième année ils nous ont mis hors concours.
DES ACHAAAARNÉS ! ils nous appellent là-bas. Les championnats les concours les démonstrations les exhibitions. Trois cent quatre-vingt-deux paires de chaussures douze millions de kilomètres vingt-cinq mille rien que pour le Trophée des champions. Vingt-deux régions. Deux mille kilomètres par week-end. Faites le compte. Les pneus l’argent les tonnes de gas-oil. Manger sur la route. Dormir dans la voiture. La semaine les week-ends. Jusqu’à des cinq heures du matin. Quand les gens partent au boulot nous on rentre à la maison. Des fois deux jours de rang sans détourner. Des valses de quarante-cinq minutes. Ça on ne recommencera pas ! Ma femme a traversé la piste ses chaussures dans une main et une bière dans l’autre sans s’en rendre compte tellement elle était assoiffée. Elle ne pouvait plus faire autrement. Vous vous rendez compte nous sommes des ACHAAAARNÉS!
Valse anglaise Valse lente française et musette Swing Jive Twist Rumba Boston Paso Samba Baïon Mambo Tango Slow-fox Fox-trot Be-bop Boogie One-step Two-steps Quickstep Java Salsa Polka piquée tournée Lambada Mazurka Cha-cha-cha Boléro Charleston Calypso Madison Bossa-nova.
Et tout ça dans la lumière ! Que la techno c’est simple il n’y en a qu’une c’est la techno et pour être sourd à trente ans la techno c’est l’idéal. La danse séparée ce n’est pas de la danse parce que tu ne sens pas ta femme. Forcément tu ne l’attrapes pas. Tu ne la tiens pas. Un bon valseur il tient sa femme. Presque il la porte. Qu’elle se sente portée. Emportée. Qu’elle soit bien portante. Qu’elle fonde dans son valseur. Faut la tenir. La faire fondre. Pas la soutenir. La guider plutôt. Elle se laisse faire. C’est un oiseau. Si tu la lâches elle tient quand même. Tu l’emmènes. Tu la mènes. Tu t’adaptes à elle. Et elle à toi. Tu tiens les rênes. Elle le sent. Elle est libre. De partir. De rester. De faire un tour. Un détour. Tu arrives. Tu observes. Elle observe. Tu la regardes. Tu la choisis. Elle te regarde. Elle se sent invitée. Tu approches. Tu invites. Elle est invitée. Tu la conduis. Tu la prends. Tu la tiens.Tu y tiens. C’est ta femme. C’est court une valse. Faut que ce soit toujours trop court une valse. Te faut pas seulement une bonne tourneuse. Faut qu’elle t’inspire. Tes jambes et les siennes ça tricote. Ça se faufile. Ça caresse le parquet. Ça survole. Ça anticipe le danger. Ça effleure le sol. Les pots-pourris les changez de cavalière tu laisses ça aux autres. Tu ne la choisis pas pour ses beaux yeux ou sa taille fine. Mais parce qu’elle tourne avec toi. Ta femme. Qu’elle tourne et qu’elle avance. Sans réfléchir. Qui mène la danse. C’est plus toi. C’est plus elle. Ça danse. Ça pousse. Ça avance. Ça tourne. Ça n’a plus d’importance. Et tu souffles en même temps. Tu souffles ton vertige. S’agit pas de tomber sur la dernière mesure. Une passe à l’endroit pour le plaisir. Une passe à l’envers pour dérouler le tournis. Et quand son dos fuit sous ta main tu la replaces. Tu la laisses fuir. Partir un peu. S’écarter. T’échapper. Et tu la rattrapes. Si ça rigole tu laisses venir. Si ça rigole c’est que tu t’envoles.
Si ça rigole c’est que c’est la bonne…
En souvenir des cours de danses de salon
et des soirées bals avec mes ami(e)s
d’il y a quelques années.
Rock, valse, tango, paso-doble, rumba… Ah la rumba !!!!
Un grand merci chère Lou pour le partage de ce merveilleux texte 🙂 et pour les liens et vidéos. Un régal! Ce sont de beaux souvenirs pour toi.
Douce fin de samedi et bon dimanche, de gros bisous ♥
Un comédien que j’apprécie beaucoup. Et ce qui est écrit dans ce petit livre (dont la fin est une sacrée surprise) est si proche de ce que l’on peut ressentir lorsque l’on danse selon la règle de l’art. J’avais toujours rêvé d’apprendre à danser « la danse de salon », en fait LES danses de salon. J’ai eu la formidable occasion de danser avec des champions de danse dite sportive, l’un un senior avec qui je me suis envolée dans une valse merveilleuse, et l’autre avec un jeune champion pour un rock endiablé. Alors que je n’étais pas experte, juste assez pour « éblouir » ceux qui en savaient encore moins que moi.
Mais ce fut une période si joyeuse. Par chez moi, nous avons la chance d’avoir encore, dans les villages, des bals de très bons niveaux.
Merci Lou pour ta réponse et je suis heureuse pour toi que tu aies connu toutes ces danses. A la télévision, j’apprécie de voir évoluer ces couples. C’est tellement beau 🙂
Bisous
Oh que non, car s’entraîner et pratiquer la danse « sportive » ou danse de salon permet d’entretenir ses muscles et son souffle. A l’époque je n’avais pas encore de problèmes articulaires. Merci Olivier et plein de bises pour ton nouveau printemps. 😉 ❤
Si tu ne connais pas le bouquin, Tu peux le mettre sur ta liste 😉
Petit livre mais dense et très bien écrit. Quant à la fin du livre je t’en laisse la surprise. 😉
Oh dis donc, quelle merveille et quelle surprise de découvrir ces textes, merci Lou. Et puis nous emmener ainsi valser par un dimanche pluvieux, ça illumine le coeur ! Bises. brigitte
Merci, Lou. Comme c’est intéressant ce texte ! J’adore moi aussi, suivre à la télévision les championnats de « danse de salon ». Surtout le tango. Toute jeune, quand mon papa jouait de l’accordéon, le dimanche ou lors de fêtes en famille, j’ai appris à danser avec ma maman, valse, tango… Souvenirs, souvenirs !
Pensées et bises chaleureuses.
A mettre dans ta liste de livres à lire. J’ai aimé la précision des descriptions des sensations. Cela ne peut être que d’un amateur de danse dite de salon.
Quel joli tableau tu nous décris là. Il y a encore peu, j’aimais « inviter » maman à une petite danse. De quoi sourire, mais cela nous faisait tant plaisir. Le son de la musique à fond, bien sûr ! 😉
Je t’appelle dès que possible. Bisous Chantal.
Merci pour ses magnifiques vidéos. Lorsque j’allais à des championnats (2 fois), j’ai toujours été « espantée » par le jeu des pieds. La sensation de les voir caresser le sol.
Une fois par semaine j’allais à la « boum » de l’Ecole Carlos (à Albi), où élèves et champions s’entraînaient : un vrai régal. Répétitions et reprises des passages de danses jusqu’à ce que tout s’enroule…
Oui, oui, j’ai lu dans le même journal. Même dans ce milieu, la grosse tête de mâle qui abuse des jeunettes, et même des fillettes. Grrrrr !
PS : juste danseuse amatrice à cette époque. J’allais en tant que spectatrice. « Championne » juste sur la piste des bals, facile d’émerveiller les non-pratiquants. 🙂
A cette époque, j’étais travailleur indépendant, je faisais de la danse, de la natation, de la musculation, de la gym… En pleine forme, alors, même si mon emploi du temps me faisait commencer ma journée à 9 heures du matin, pour la finir à 1 h du matin, le lendemain… Mais ça, c’était avant. 🙂 🙂
Pour la petite histoire, je passais à côté de la salle de danse quand il est venu chez nous et ces dames et demoiselles étaient en admiration pour ne pas dire autre chose plus en adéquation avec le délit qui lui est reproché… tout simplement parce qu’il avait fait 3 épisodes de DALS, je suis partie presque en courant !
Rappelle-moi le jour et l'année
Rappelle-moi le temps qu'il faisait
Et si j'ai oublié,
Tu peux me secouer
Et s'il me prend l'envie d'm'en aller
Enferme-moi et jette la clé
Aux piqûres de rappel
Dis comment je m'appelle
Si jamais j'oublie, les nuits que j'ai passées
Les guitares et les cris
Rappelle-moi qui je suis, pourquoi, je suis en vie
Si jamais j'oublie les jambes à mon cou,
Si un jour je fuis,
Rappelle- moi qui je suis, ce que je m'étais promis
Rappelle-moi mes rêves les plus fous
Rappelle-moi ces larmes sur mes joues
Et si j'ai oublié, combien j'aimais chanter
Si jamais j'oublie, les nuits que j'ai passées
Les guitares et les cris
Rappelle-moi qui je suis, pourquoi je suis en vie
Si jamais j'oublie les jambes à mon cou,
Si un jour je fuis,
Rappelle-moi qui je suis, ce que je m'étais promis
Oh oh oh Ooooh...
Rappelle-moi qui je suis
Si jamais j'oublie les jambes à mon cou,
Si un jour je fuis,
Rappelle-moi qui je suis, ce que je m'étais promis
Si jamais j'oublie, les nuits que j'ai passées
Les guitares et les cris
Rappelle-moi qui je suis, pourquoi, je suis en vie
Rappelle-moi le jour et l'année
o*o*o*o*o*o*o*o*o*o*o*o*o*o*o*
Si jamais tu reviens en terre natale
À pas lents comme un cheval dont le soir accroît la fatigue
Oh va dans ce jardin
Retrouver la rose méconnaisable
Le chrysanthème à la crinière de lion
_ D’immenses araignées volent avec des papillons
Comme dans les fièvres de l’enfance
Souris ou pleure mais ne crains rien
C’est l’ombre qui remue avant d’être nuit claire
Georges Schehadé
« Les Poésies » édition augmentée de « Le nageur d’un seul amour » – NRF
<3 <3 <3 <3 <3 <3 <3 <3
Lorsque je serai mort
Lorsque je serai mort, toi qui as des yeux bleus
couleur de ces petits coléoptères bleu de feu
des eaux, petite jeune fille que j’ai bien aimée
et qui as l’air d’un iris dans Les fleurs animées,
tu viendras me prendre doucement par la main.
Tu me mèneras sur ce petit chemin.
Tu ne seras pas nue, mais, ô ma rose,
ton col chaste fleurira dans ton corsage mauve.
Nous ne nous baiserons même pas au front.
Mais, la main dans la main, le long des fraîches ronces
où la grise araignée file des arcs-en-ciel,
nous ferons un silence aussi doux que du miel ;
et, par moment, quand tu me sentiras plus triste,
tu presseras plus fort sur ma main ta main fine
— et, tous les deux, émus comme des lilas sous l’orage,
nous ne comprendrons pas... nous ne comprendrons pas.
Francis Jammes
xxxx*xxxx*xxxx*xxxx*xxxx*xxxx*
LA POMME (Lucie Delarue-Mardrus)
L’odeur de mon pays était dans une pomme.
Je l’ai mordue avec les yeux fermés du somme,
Pour me croire debout dans un herbage vert.
L’herbe haute sentait le soleil et la mer,
L’ombre des peupliers y allongeait des raies,
Et j’entendais le bruit des oiseaux, plein les haies,
Se mêler au retour des vagues de midi.
Je venais de hocher le pommier arrondi,
Et je m’inquiétais d’avoir laissé ouverte
Derrière moi, la porte au toit de chaume mou...
Combien de fois, ainsi, l’automne rousse et verte
Me vit-elle, au milieu du soleil et, debout,
Manger, les yeux fermés, la pomme rebondie
De tes prés, copieuse et forte Normandie ?...
Ah ! je ne guérirai jamais de mon pays !
N’est-il pas la douceur des feuillages cueillis
Dans leur fraîcheur, la paix et toute l’innocence ?
Et qui donc a jamais guéri de son enfance ?...
&-&-&-&-&-&-&-&-&-&-&
Francis Carco
"JARDINS
Il a plu. Le jardin, dans l’ombre, se recueille.
Les chrysanthèmes vont mourir sans qu’on les cueille.
Dans les sentiers mouillés, effeuillaisons de fleurs
Trop pâles ; sur le sable, où pas un bruit ne bouge,
Évanouissement des grands dahlias rouges.
Murmure indéfini de toutes ces douleurs
De choses écoutant agoniser les fleurs.
Et de blancs pigeonniers veillent le crépuscule...
Mon enfance, de moi, comme tu te recules,
Parmi ce soir qui tombe et ce jardin qui meurt !
Tu pars et tu ne reviendras jamais, peut-être ;
Ton souvenir, déjà, n’est plus qu’une rumeur
Dans un halo, et qui, bientôt, va disparaître.
Et je reste à rêver, tout seul, à la fenêtre... "
+*+*+*+*+*+*
Aimez-vous le passé
Aimez-vous le passé
Et rêver d’histoires
Évocatoires
Aux contours effacés ?
Les vieilles chambres
Veuves de pas
Qui sentent tout bas
L’iris et l’ambre ;
La pâleur des portraits,
Les reliques usées
Que des morts ont baisées,
Chère, je voudrais
Qu’elles vous soient chères,
Et vous parlent un peu
D’un coeur poussiéreux
Et plein de mystère.
Paul-Jean Toulet, Chansons
o-o-o-o-o-o-o-o-o-o-o-o
"Il a dormi sur les mains.
Sur un rocher.
Sur ses pieds.
Sur les pieds de quelqu’un d’autre.
Il a dormi dans des bus, des trains, des avions.
Dormi pendant le service.
Dormi au bord de la route.
Dormi sur un sac de pommes.
Il a dormi dans une sanisette.
Dans un grenier à foin.
Il a dormi sur des chaises, dans des églises, des hôtels de luxe.
Il a dormi sous des toits étrangers toute sa vie.
Maintenant il dort sous la terre.
Il n’en finit pas de dormir.
Comme un vieux roi."
Raymond Carver
****** *** ****** ** ******
"Et si tu n’as pas vu ce joli sentiment
que Zénaïde Fleuriot a nommé l’amour,
je te l’expliquerai lentement, lentement,
comme si tu hissais ta bouche vers ma bouche,
avec tes genoux ronds pressés à mes genoux.
Alors, tu verras ce sentiment qui est l’amour,
que l’on cache beaucoup et dont on parle tant."
Françis JAMMES
✁✁✁✁✁✁✁✁✁✁✁✁✁✁
"Ce n'est pas drôle de mourir
Et d'aimer tant de choses,
La nuit bleue et les matins roses,
Les fruits lents à mûrir."
TOULET
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"je voudrais bâtir une ville heureuse
avec des arbres et des eaux,
de grands arbres serrés sur de secrets oiseaux
comme dans nos vieux livres d’images
quand nous étions des enfants sages,
de ces arbres gonflés d’étranges sèves
et qui savaient nourrir et bercer tous nos rêves."
Louisa Paulin
- . - . -. - . -. - . - . - . - . -
S.O.S. POESIE
Je fus un jeune homme chagrin,
un bonhomme dans le pétrin.
Je voudrais bien vieillir malin.
Un poète en moi fait l'zouave
bien qu'on m'interdise la cave
et la cigarette suave.
J'en ai marre à la fin des fins !
– Poésie, rends-moi donc malin !
Par la barbiche tu me tiens.
Les chansons du coeur de Jean Cuttat
❤ ❥ ❤ ❥ ❤
Pétales de pivoine de Guillaume Appolinaire
Quand je fais pour toi mes poèmes quotidiens et variés
Lou je sais bien pourquoi je suis ici
À regarder fleurir l’obus à regarder venir la torpille aérienne
À écouter gauler les noix des véhémentes mitrailleuses
Je chante ici pour que tu chantes pour que tu danses
Pour que tu joues avec l’amour
Pour que tes mains fleurissent comme des roses
Et tes jambes comme des lys
Pour que ton sommeil soit doux
! - ! - ! - ! - !
Dans Arles, où sont les Alyscamps,
Quand l’ombre est rouge, sous les roses,
Et clair le temps,
Prends garde à la douceur des choses.
Lorsque tu sens battre sans cause
Ton cœur trop lourd ;
Et que se taisent les colombes :
Parle tout bas, si c’est d’amour,
Au bord des tombes.
Les photographies visibles ici ne sont pas libres de droit, pour un usage personnel, merci de m'en demander l'autorisation (que j'accorderai alors, volontiers)
Un grand merci chère Lou pour le partage de ce merveilleux texte 🙂 et pour les liens et vidéos. Un régal! Ce sont de beaux souvenirs pour toi.
Douce fin de samedi et bon dimanche, de gros bisous ♥
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Un comédien que j’apprécie beaucoup. Et ce qui est écrit dans ce petit livre (dont la fin est une sacrée surprise) est si proche de ce que l’on peut ressentir lorsque l’on danse selon la règle de l’art. J’avais toujours rêvé d’apprendre à danser « la danse de salon », en fait LES danses de salon. J’ai eu la formidable occasion de danser avec des champions de danse dite sportive, l’un un senior avec qui je me suis envolée dans une valse merveilleuse, et l’autre avec un jeune champion pour un rock endiablé. Alors que je n’étais pas experte, juste assez pour « éblouir » ceux qui en savaient encore moins que moi.
Mais ce fut une période si joyeuse. Par chez moi, nous avons la chance d’avoir encore, dans les villages, des bals de très bons niveaux.
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Merci Lou pour ta réponse et je suis heureuse pour toi que tu aies connu toutes ces danses. A la télévision, j’apprécie de voir évoluer ces couples. C’est tellement beau 🙂
Bisous
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Magnifique, merci ! Euh, le titre : un rapport avec le kiné ? Je vous embrasse ! OlivierSC
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Oh que non, car s’entraîner et pratiquer la danse « sportive » ou danse de salon permet d’entretenir ses muscles et son souffle. A l’époque je n’avais pas encore de problèmes articulaires. Merci Olivier et plein de bises pour ton nouveau printemps. 😉 ❤
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Il est extraordinaire ce Gamblin…
Quelle écriture ! Merci tu m’as régalée.
¸¸.•*¨*• ☆
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Si tu ne connais pas le bouquin, Tu peux le mettre sur ta liste 😉
Petit livre mais dense et très bien écrit. Quant à la fin du livre je t’en laisse la surprise. 😉
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J’adore ton humour ! 😉
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Oh dis donc, quelle merveille et quelle surprise de découvrir ces textes, merci Lou. Et puis nous emmener ainsi valser par un dimanche pluvieux, ça illumine le coeur ! Bises. brigitte
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Merci, Lou. Comme c’est intéressant ce texte ! J’adore moi aussi, suivre à la télévision les championnats de « danse de salon ». Surtout le tango. Toute jeune, quand mon papa jouait de l’accordéon, le dimanche ou lors de fêtes en famille, j’ai appris à danser avec ma maman, valse, tango… Souvenirs, souvenirs !
Pensées et bises chaleureuses.
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A mettre dans ta liste de livres à lire. J’ai aimé la précision des descriptions des sensations. Cela ne peut être que d’un amateur de danse dite de salon.
Quel joli tableau tu nous décris là. Il y a encore peu, j’aimais « inviter » maman à une petite danse. De quoi sourire, mais cela nous faisait tant plaisir. Le son de la musique à fond, bien sûr ! 😉
Je t’appelle dès que possible. Bisous Chantal.
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C’était le couple polonais en noir et jaune (Kiszka Wiktor & Garlicka Malgorzata) qui avaient remporté l’épreuve, les voici sur leur terre 😉
Ils étaient seconds pour le tango 😉
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Merci pour ses magnifiques vidéos. Lorsque j’allais à des championnats (2 fois), j’ai toujours été « espantée » par le jeu des pieds. La sensation de les voir caresser le sol.
Une fois par semaine j’allais à la « boum » de l’Ecole Carlos (à Albi), où élèves et champions s’entraînaient : un vrai régal. Répétitions et reprises des passages de danses jusqu’à ce que tout s’enroule…
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Suis une piètre danseuse, et tant mieux (même s’il préfère les mineures) puisque chez nous un prof de danse connu (DALS 2 et Dancing show 2006) passait au tribunal pour un comportement non conforme
=> http://www.ladepeche.fr/article/2017/02/23/2522953-trois-ans-prison-sursis-requis-contre-prof-danse-accuse-atteintes.html
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Oui, oui, j’ai lu dans le même journal. Même dans ce milieu, la grosse tête de mâle qui abuse des jeunettes, et même des fillettes. Grrrrr !
PS : juste danseuse amatrice à cette époque. J’allais en tant que spectatrice. « Championne » juste sur la piste des bals, facile d’émerveiller les non-pratiquants. 🙂
A cette époque, j’étais travailleur indépendant, je faisais de la danse, de la natation, de la musculation, de la gym… En pleine forme, alors, même si mon emploi du temps me faisait commencer ma journée à 9 heures du matin, pour la finir à 1 h du matin, le lendemain… Mais ça, c’était avant. 🙂 🙂
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Pour la petite histoire, je passais à côté de la salle de danse quand il est venu chez nous et ces dames et demoiselles étaient en admiration pour ne pas dire autre chose plus en adéquation avec le délit qui lui est reproché… tout simplement parce qu’il avait fait 3 épisodes de DALS, je suis partie presque en courant !
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Ah la « célébritéééééé » !
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😉 j’ai eu un peu de mal à trouver les résultats => http://dansesportive.ffdanse.fr/compet-resultats.php?NumManif=1014&Compet=Open-I-A-ABC-S
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