Bibliothèque
LES LIVRES – Henri de Régnier
Ils alignent leurs dos vêtus de cuirs divers
Où luit l’empreinte d’or des fleurons et des titres ;
Serrés sur les rayons, côte à côte, à travers
La clarté miroitante et bleuâtre des vitres,
Ils alignent leur dos vêtus de cuirs divers.
Les maroquins grenus et fins semblent du marbre ;
Les veaux polis ont la douceur souple des mains ;
Les chagrins sont rugueux comme une écorce d’arbre,
Et, parmi la candeur lisse des parchemins,
Les maroquins grenus et fins semblent du marbre.
Aux uns, le rouge ardent et les riches couleurs ;
Aux autres, la douceur des teintes assorties,
Le bleu-tendre, le vert et ses glauques pâleurs,
L’indécision des nuances perverties
Qui dérivent du rouge et des riches couleurs.
Ô livres, confidents de la pensée humaine,
Gardiens silencieux de trésors amassés,
Il est des heures où la fatigue ramène
Les cœurs pris de tristesse et les esprit lassés
Aux livres confidents de la pensée humaine.
Car entre leurs feuillets sommeille le parfum
De rêve confiés et d’intimes détresses,
De vœux inexaucés ; et c’est là que plus d’un
Mit ses plus chers espoirs, ses meilleures tendresses
Qui montent des feuillets comme un vivant parfum.
C’est vers eux qu’on s’en vient encore aux heures lentes
Lorsque, pris du dégoût des hommes coudoyés
Et de l’écœurement des choses ambiantes,
On appelle l’essor des rêves éployés ;
C’est vers eux qu’on revient toujours aux heures lentes ;
Et l’esprit allégé fuit sur l’aile des mots,
Trompant ainsi l’ennui des traînantes journées ;
Dans un oubli voulu du réel et des maux,
Au froissement fébrile des pages tournées,
L’esprit allégé fuit sur les ailes des mots.
« Lorsque, pris du dégoût des hommes coudoyés
Et de l’écœurement des choses ambiantes,
On appelle l’essor des rêves éployés ;
C’est vers eux qu’on revient toujours aux heures lentes ; »
Oui, sans nulle doute, cela correspond tout à fait à la journée d’avant hier et à la folie qui mène le monde, folie attisée par les « méga-puissances » dont je tairai le nom 😉
J’aimeAimé par 1 personne
De circonstances, malheureusement ces mots. Pour moi, les livres sans oublier la poésie ont été pour moi consolateurs des biens des maux et sentiments !
J’aimeJ’aime
La richesse d’un bibliothèque et un très beau poème. Merci Lou ♥
J’aimeAimé par 1 personne
Il y a même des livres oubliés que, lors d’une frénésie de « ménage » (bien rare), je retrouve et feuillette avec plaisir. 😉
J’aimeJ’aime
un coffre aux trésors !
J’aimeAimé par 1 personne
Oh que oui ! Des livres anciens et même très anciens, des carnets, des photos de famille, une boule de Noël en verre, et le plus gros trésor le coquillage qui me suit depuis mes 5 ans, ramené d’un pays de l’autre continent…
Ah, il y a aussi les petits cailloux ou galets « cueillis » au fil de mes voyages.
J’aimeJ’aime