Morceau choisi : « Vingt ans après »…
Extrait « Vingt ans après » – Alexandre Dumas.
…
« – Et jusque-là ?
– Attendez et cherchez vos amis.
– Monseigneur, peut-être ne sont-ils pas à Paris, c’est probable même, il va falloir voyager. Je ne suis qu’un lieutenant de mousquetaires fort pauvre et les voyages sont chers.
– Mon intention, dit Mazarin, n’est pas que vous paraissiez avec un grand train, mes projets ont besoin de mystère et souffriraient d’un trop grand équipage.
– Encore, monseigneur, ne puis-je voyager avec ma paye, puisque l’on est en retard de trois mois avec moi ; et je ne puis voyager avec mes économies, attendu que depuis vingt-deux ans que je suis au service je n’ai économisé que des dettes.
Mazarin resta un instant pensif, comme si un grand combat se livrait en lui ; puis allant à une armoire fermée d’une triple serrure, il en tira un sac, et le pesant dans sa main deux ou trois fois avant de le donner à d’Artagnan :
– Prenez donc ceci, dit-il avec un soupir, voilà pour le voyage.
« Si ce sont des doublons d’Espagne ou même des écus d’or, pensa d’Artagnan, nous pourrons encore faire affaire ensemble. »
Il salua le cardinal et engouffra le sac dans sa large poche.
– Eh bien, c’est donc dit, répondit le cardinal, vous allez voyager…
– Oui, monseigneur.
– Écrivez-moi tous les jours pour me donner des nouvelles de votre négociation.
– Je n’y manquerai pas, monseigneur.
– Très bien. À propos, le nom de vos amis ?
– Le nom de mes amis ? répéta d’Artagnan avec un reste d’inquiétude.
– Oui ; pendant que vous cherchez de votre côté, moi, je m’informerai du mien et peut-être apprendrai-je quelque chose.
– M. le comte de La Fère, autrement dit Athos ; M. du Vallon, autrement dit Porthos, et M. le chevalier d’Herblay, aujourd’hui l’abbé d’Herblay, autrement dit Aramis.
Le cardinal sourit.
– Des cadets, dit-il, qui s’étaient engagés aux mousquetaires sous de faux noms pour ne pas compromettre leurs noms de famille. Longues rapières, mais bourses légères ; on connaît cela.
– Si Dieu veut que ces rapières-là passent au service de Votre Éminence, dit d’Artagnan, j’ose exprimer un désir, c’est que ce soit à son tour la bourse de monseigneur qui devienne légère et la leur qui devienne lourde ; car avec ces trois hommes et moi, Votre Éminence remuera toute la France et même toute l’Europe, si cela lui convient.
– Ces Gascons, dit Mazarin en riant, valent presque les Italiens pour la bravade.
– En tout cas, dit d’Artagnan avec un sourire pareil à celui du cardinal, ils valent mieux pour l’estocade. »
- Publié dans: LOU♦Morceaux choisis
Merci Lou pour ce beau passage et comme j’avais aimé le film 🙂 Merci.
Bisous pour une douce soirée ♥
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C’était ma lecture préférée, enfant. Quand le livre était terminé, je recommençais, inlassablement.
Pour l’heure, je suis enrubannée, oups enrubée, pour tout dire enrhumée maous costaud !
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Oh! Désolée 😦 Soigne toi bien ma chère Lou ♥
Gros bisous.
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